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Book Talk n. 3 - Chevaucher son tigre - Giorgio Nardone - Ed. Seuil

06/05/2024

Book Talk n. 3 - Chevaucher son tigre - Giorgio Nardone - Ed. Seuil

Chacun de nous, dit un proverbe chinois, va se coucher chaque nuit auprès d'un tigre. On ne peut savoir si, au réveil, il voudra nous lécher ou nous dévorer. 

 

Par cette métaphore la sagesse ancienne nous rappelle la relation qu’entretient tout un chacun avec ses propres limites : seulement en cherchant à nous améliorer constamment nous pouvons rendre le tigre un ami, puisque personne ne peut éviter la plus dangereuse des compagnies : soi-même. 

 

Elaboré en puisant parmi la myriade de stratagèmes théoriques et artifices dont la tradition littéraire occidentale et orientale est riche, Giorgio Nardone nous en propose une synthèse en identifiant des critères de base à appliquer à des stratagèmes spécifiques, qui prouvent leur pertinence aussi bien dans la vie quotidienne que dans des contextes managériaux ou de problem-solving.

 

 

Il s’agit donc d’un petit traité très subtil, perçant et exquis, en même temps tellement accessible mais lisible à plusieurs niveaux, qu’il m’est impossible non seulement de ne pas le conseiller, mais également d’inviter à le lire et relire plusieurs fois !

Condensé impressionnant de toute l’approche stratégique ET de comment l’être humain fonctionne, le livre est riche de conseils à mettre en pratique dans le quotidien, pour se sortir d’impasse en toute finesse et pourquoi pas, avec un brin de légèreté. 

Ce que j’en retiens …


Une histoire est de vouloir s’améliorer, d’être en plein dans ce « move » de développement personnel par son choix professionnel, en plus que par une démarche individuelle. Apprendre à regarder « droit dans les yeux » ses limites, c’est une toute autre chose, surtout le faire régulièrement, très régulièrement. 

 

Je n’ai pas beaucoup de livres de chevet, je suis plutôt du genre à les « faire circuler », une fois que je les ai lus : dans ma perception, le destin d’un livre, c’est de voyager. Mais celui-ci, c’est différent. Un peu comme le criquet de Pinocchio, parfois discret, parfois impertinent, il a toujours sa place parmi mes « must have » … et fort heureusement, j’aurais envie de dire, au vu de l’utilité que j’en tire encore et toujours ! Et c’est exactement ça que j’espérais en le recensant : qu’une fois que vous l’aurez lu, il vous suive partout, tel un criquet ou … un coach !

Le succès vaut zéro, l'insuccès compte double

07/04/2024

Le succès vaut zéro, l'insuccès compte double

Que signifie l’expression « Le succès vaut zéro, l’insuccès compte double » ?


C’est une attitude bien réelle, qui appartient à tous ceux qui dévalorisent leurs succès, tandis qu’ils exagèrent la portée de leurs échecs. Et cela peut devenir inadéquat, dysfonctionnel à la vie professionnelle ou personnelle de la personne, en lui occasionnant pléthore de tracas, allant de l’épuisement physique jusqu’aux problèmes relationnels.

 

La personne qui adopte cette attitude se sent souvent inadéquate et expérimente une carence chronique dans le jugement de soi et de ce qu’elle fait. Elle ressent de ne jamais avoir de ressources et de capacités suffisantes ; parfois elle peut éprouver une forme de culpabilité liée à cette « insuffisance ». Physiquement, ce ressenti se traduit en une grande fatigue, ce qui n’est pas étonnant en soi : chaque jour elle livre une vraie bataille, pour démontrer avant tout à soi-même sa capacité ou sa valeur. De plus, ce mécanisme est souvent très chargé émotionnellement, ce qui ajoute une fatigue émotionnelle tout aussi importante.

 

Dans le domaine scolaire ou universitaire, par exemple, il peut s’agir de l’étudiant qui se prépare consciencieusement pendant des mois pour passer un examen, tout en ressentant la même tension du jour d’examen tout le long de sa période de préparation. Le jour J, si l’étudiant passe l’examen avec les meilleures notes possibles, interpelé sur son insatisfaction, il répondra : « oui, je l’ai eu, mais c’est parce que les questions étaient étonnamment simples … », tandis que l’insuccès, qui peut arriver à quiconque et pour plein de raisons, il l’évaluera comme catastrophique : en somme, pour lui, les comptes ne tournent jamais ronds !

 

On pourrait dire que la conscience morale de cette personne est presque persécutrice : constamment, elle se fait des reproches, elle est éternellement insatisfaite, parfois même se définit comme étant « ainsi faite », comme si cette incapacité était un stigma de naissance, un désavantage biologique, qui l’empêche d’avoir les caractéristiques « gagnantes » qu’elle attribue aux autres.

 

« Les autres », sont d’ailleurs toujours idéalisés, pour les ressources qu’elle leur reconnait : qu’il s’agisse juste d’une désinvolture, ou d’une capacité d’atteindre des objectifs sans succomber à l’anxiété … ces autres, peuplent et nourrissent le dialogue intérieur du sujet, plus qu’exigeant :  il n’a de cesse d’« essayer » de bien faire, tout en se disant « j’y vais mais cela ne marchera jamais ».   Et si d’aventure cela marchait, ce ne serait de toute façon pas suffisant : du coup, jamais il n’atteint le plaisir, jamais il ne ressent d’avoir franchi la ligne d’arrivée.

 

Il ne s’agit donc pas d’une personne qui craint le jugement d’autrui : elle a plutôt une tendance à idéaliser les autres, mais nul besoin de démontrer aux autres quoi que ce soit, lorsque son juge le plus sévère on le porte en soi. Contrôlant, obsessionnel, implacable, impitoyable, persécuteur : ce juge intérieur prend tellement de place qu’il empêche tout élan positif, toute appréciation d’un résultat quelconque : jamais la personne en question ne se sentira à la hauteur, à sa juste place.

Cette sensation entraîne une fatigue constante, qui ne peut être soulagée, une démoralisation, la conviction de ne pas être capable de gérer telle ou telle autre situation, ou parfois de décevoir. Logique conséquence : l’évitement. La personne en question commence à éviter les situations qui lui engendrent ce ressenti d’ « échec annoncé ». Mais si cet évitement permet un soulagement dans l’immédiat, son effet secondaire en est la confirmation de sa propre incapacité, qui peut se résumer dans la phrase-type : « j’avais bien raison de ne pas tenter, je ne peux pas compter sur moi-même ». En structurant ainsi son dialogue intérieur, évitement après évitement, la personne se braque dans une attitude de renonciation préventive, qui peut conduire à une réelle pathologie (le « syndrome de l’imposteur ») ou à une manifestation de type dépressif.

 

Une autre caractéristique visible de cette dynamique est l’irritabilité, due à la sensation que « tout devient un obstacle », qui en fait un très bon patient des cardiologues et des médecins. Paradoxalement, dans une société qui pullule de coachs, de techniques de développement personnel, de la performance, du dépassement de soi, cette problématique affiche une croissance significative.

 

Qui peut être concerné par cette dynamique de pensée ?


Ce qui surprend est le fait qu’il s’agit pour la plupart de personnes de succès, qui avancent dans la vie, plutôt que de personnes que réellement « n’y arrivent pas ».

 

Ce sont des personnes qui ont toujours été exigeantes envers elles-mêmes et de ce fait elles ont développé énormément de ressources : bosseuses, elles ont développé un beau potentiel et réalisé beaucoup de choses, dépassé plein de difficultés, gagné plein de défis.

 

Alors, me direz-vous, il est où le problème ? En effet, l’attitude ici décrite n’est pas un problème, ni un défaut au sens commun du terme ; elle n’est pas foncièrement mauvaise, car c’est l’attitude qui nous pousse vers l’avant, à nous améliorer constamment. Ce n’est que lorsqu’elle se structure comme une pensée rigide, qu’elle peut se réveler lourde à porter, jusqu’à devenir invalidante. Pour utiliser une analogie, nous pourrions voir cette personne comme une voiture sportive qui court un rallye : elle est équipée d’un moteur puissant et a eu une très bonne préparation technique, mais tout le long du parcours elle avance le frein à main serré … du coup, pas simple la performance et surtout, pas de satisfaction à gagner le podium !

 

 

Il s’agit d’une croyance, qui peut se structurer rationnellement jusqu’à devenir une conviction. La mauvaise nouvelle est qu’aucune croyance ne peut être invalidée, car aussi bien pour nos croyances utiles que pour celles dysfonctionnelles, « tout ce qui est cru existe et rien d’autre » (Hugo von Hoffmannsthal). Il n’y a aucun moyen de contredire une croyance : soit on en reste prisonnier, soit on en sort.

La bonne nouvelle : sortir de la prison d’une croyance qui ne nous fait pas (ou plus) du bien, est possible : un changement de perspective, est bien souvent la clé de voute.

 

Choisir de construire petit à petit un regard différent à porter sur soi, sur ses capacités, sur son expérience, va pouvoir d’abord faire vaciller cette croyance, puis la fêler jusqu’à la démonter, pour faire place à une vision de soi plus ample, plus « aérée », plus bienveillante.

Il s’agit de choisir d’avancer en desserrant le frein à main, pour retrouver une qualité de vie appréciable et lancer sa voiture à toute vitesse ; autrement dit, il s’agit de redimensionner son juge intérieur, en lui insufflant un peu de souplesse, de flexibilité, en s’autorisant aussi bien l’insuccès que le succès : un levier plus puissant qu’on ne pourrait le croire, car, comme l’affirmait F. Nietzsche, « ce qui détermine le destin de l’homme est l’opinion qu’il a de soi-même ».

 

Credits : Article inspiré par une conférence d'Emanuela Muriana, Psychologue, psycothérapeute clinicienne à Florence depuis 1990 ; professeure de technique de la psychothérapie brève stratégique à l’école de spécialisation en psychothérapie de la Faculté de Médecine et chirurgie de l’université de Sienne pendant dix ans, et à l’école de spécialisation de Arezzo et Florence, depuis 1994; superviseure clinicienne de psychothérapeutes ; enseignante dans plusieurs masters de spécialisation en Italie et à l’étranger. 

L'essentiel de l'approche stratégique en coaching

03/03/2024

L'essentiel de l'approche stratégique en coaching

Le mot « stratégie » est aujourd’hui aussi fréquemment employé que le mot « coach ». Et tout comme ce dernier, il est souvent utilisé de façon inappropriée. 

 

Ce qui n’arrange rien, lorsque l’on cherche à savoir qui est un coach, et moins encore lorsqu’on essaie de comprendre qui c’est un coach stratégique et ce qu’il fait.

 

Je reviendrai, dans un autre article, sur la profession de coach et sur comment la distinguer de tout ce qui n’est pas du coaching. 

Aujourd’hui, je souhaite commencer par clarifier un tant soit peu ce qu’est l’approche stratégique en coaching : c’est quoi donc, sa quintessence, sa substantifique moelle ?

 

Un maximum de résultats dans un minimum de temps

 

Le terme stratégique indique qu’il s’agit d’une approche qui permet d’obtenir un maximum de résultats souhaités dans un minimum de temps et avec le moindre effort possible. Elle peut être appliquée à 360° : dans la thérapie clinique, c’est-à-dire chez un psychologue formé à cette approche, pour résoudre des problématiques allant de la simple difficulté jusqu’à des troubles sévères, ou bien dans le coaching, dans ses déclinaisons orientées à atteindre des objectifs ou améliorer une performance. 

 

En coaching, on peut donc affirmer qu’elle a pour but d’aider les personnes à s’améliorer, à dépasser des difficultés, qu’elles rencontrent pour des situations ou circonstances particulières. Il s’agit d’une approche basée sur les mêmes critères substantiels que la recherche scientifique, c’est-à-dire qu’elle est 

 

  1. Efficace : elle atteint l’objectif fixé
  2. Efficiente : elle y parvient dans des temps courts
  3. Généralisable : elle peut être appliqué par tous ceux qui soient formés de façon adéquate à l’utiliser
  4. Prédictive : au moment où l’intervention est mise en place, l’action est très ciblée et spécifique pour la typologie de problème ou objectif à traiter, en utilisant des stratégies spécifiques et en prévoyant quelles actions faire au moment même de débuter l’intervention
  5. Autocorrective : elle ne repose pas sur une théorie « rigide », auto poïétique, où « si les faits ne concordent pas avec la théorie, tant pis pour les faits » (Hegel), mais au contraire, s’appuie sur la connaissance du problème par sa solution, en adoptant ce que les initiés appellent une « recherche-intervention ». Concrètement : on cherche à découvrir « comment fonctionne le problème » en intervenant dessus et en analysant avec la personne intéressée, toutes les solutions adoptées pour essayer de le résoudre. Au fur et à mesure que son fonctionnement se dévoile, on « ajuste le tir » en ciblant les techniques les plus efficaces pour parvenir à le régler.

 

 

Une intervention à plusieurs niveaux
 
Le modèle stratégique travaille à trois niveaux : la communication, la relation et la technique. 

 

En ce qui tient aux aspects de relation et de communication, qui sont étroitement liés, il nous faut partir d’une considération : le genre humain est composé d’êtres « relationnels » et ce, qu’ils soient considérés individuellement ou bien à l’intérieurs de systèmes plus ou moins importants (famille, cercle amical, entreprise, etc…). Or, l’approche stratégique s’applique à la fois aux individus et aux systèmes, car il intervient au niveau de la relation.

 

Mais quelle relation ? Eh bien, toutes ! En tant qu’êtres relationnels nous ne pouvons pas ne pas interagir, ne pas communiquer. Nous communiquons constamment, par exemple, avec nous-mêmes, via le dialogue intérieur. Et nous communiquons aussi constamment avec les autres, même en restant en silence : notre corps, notre visage et notre silence communiquent pour nous un « laissez-moi tranquille » sans possibilité d’équivoque …  

 

Dans cette optique, comme le soutenait Zygmunt Bauman, « l’échec d’une relation est presque toujours un échec de communication ».

 

L’approche stratégique intervient à la fois sur la relation de l’individu avec soi-même, avec les autres et aussi, last but not least, sur la relation qui s’instaure avec le coach. En effet, si la dynamique créée par le coach n’est pas fonctionnelle au travail à accomplir au cours de l’accompagnement, elle engendrera une résistance accrue chez le coaché, voire même un refus de travailler avec le coach. 

En ce qui concerne la technique, elle comporte une série de stratagèmes d’intervention, parfois plus voilés, parfois directs et explicites, qui sont mis au point d’une telle manière à s’assurer d’atteindre l’objectif fixé. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’une des premières questions posées par le coach est : « que devrait-il changer dans ta vie, pour me dire merci ? ».

 

Une fois l’objectif fixé, le coach construit avec le coaché un parcours de changement qui débute par ses sensations et perceptions de la réalité qu’il souhaite changer. Par des indications de comportement données par le coach, le coaché fait l’expérience de différentes « façons de faire » qui entraîneront chez lui des ressentis différents. Ces ressentis modifieront sa perception vis-à-vis de cette même réalité, jusqu’à ce que le changement ne soit pas seulement perçu comme souhaitable, mais plutôt comme étant la seule alternative praticable. Enfin, le coach et le coaché conscientisent et élaborent ensemble le changement qui s’est produit, afin de l’ancrer et d’en stabiliser les effets sur la durée.

 

Clairement, les trois aspects de communication, relation et technique ne seraient qu’un cumul de règles stériles, sans la flexibilité de la part du coach, qui lui permet de considérer le « facteur humain », c’est-à-dire le coaché dans son originalité, son unicité, son vécu, sa façon de percevoir la réalité, les relations et d’y interagir. De ce fait, l’accompagnement est « cousu sur mesure » sur la personne et sur la situation, telle qu’elle l’amène.

 

Concrètement, quels sont les « outils » employés ?
 
L’efficacité et efficience de l’accompagnement tient aussi bien à l’utilisation pertinente des techniques et stratagèmes de l’approche, qu’à la qualité de la relation instaurée entre coach et coachée. Or, pour pouvoir construire une interaction fonctionnelle avec le coaché, le coach a besoin d’outils de communication adéquats, qui tiennent compte aussi de l’émotivité du coaché, de son histoire, de sa sensibilité. En effet, si le coach communique de façon adéquate, le coaché sera persuadé à le suivre dans le processus d’accompagnement. Pour autant, ce processus ne sera pas le résultat d’une « transmission de savoir » d’un « sachant » ou un « expert » mais sera une découverte conjointe, un chemin où soit on gagne tous les deux, soit on perd tous les deux.

 

Les outils de communication sont les mots, en premier lieu. Et ces mots seront soigneusement choisis pour être toujours adaptés à l’interlocuteur, à son registre linguistique, mais aussi, autant que possible, à son contexte culturel.

 

En plus des mots « justes », le coach fait usage des suggestions, d’images évocatrices, qui permettront de déclencher le changement souhaité, ou la résolution du problème.

 

En même temps, la communication non verbale et para verbale accompagnent toujours l’intervention du coach, en ajoutant emphase et efficacité au « noble art de la persuasion » tel qu’énoncé par le Professeur Nardone. 

 

La communication est un ensemble d’actes, de comportements, de gestes qui permettent d’influencer l’autre et de s’en laisser influencer. Tout le secret de l’approche stratégique consiste à ne pas subir ces influences, mais à les utiliser comme des leviers, qui nous rapprochent de nos objectifs.

Book Talk n. 2 : Faites vous-mêmes votre malheur - P. Watzlawick - Ed. Seuil

04/02/2024

Book Talk n. 2 : Faites vous-mêmes votre malheur - P. Watzlawick - Ed. Seuil

Vous sentez-vous intoxiqués pour avoir suivi scrupuleusement l’énième recette pour le bonheur ? 

En avez-vous assez des conseils des gourous, psychologues, maîtres de vie, des sermons sur l’être plutôt que l’avoir, sur la paix intérieure, sur le développement personnel ?

Alors, ce livre est fait pour vous.

 

 

 

« Mais c’est un autre manuel d’instructions » ! – me direz-vous …

Bien sûr, que ça l’est. Ce n’est pas une mince affaire, vous savez, que de sortir de la « fable du bonheur » dans laquelle on baigne depuis un millénaire, voire plus.

Il est grand temps d’en finir avec la conviction selon laquelle bonheur, béatitude et sérénité sont des buts tout à fait désirables de la vie. Trop longtemps on nous a fait croire et nous l’avons naïvement cru, que la recherche du bonheur mène enfin au bonheur. 

Pour déconstruire cette aspiration « qui ne nous veut pas du bien », l’auteur appelle en cause toutes les argumentations dont il dispose, de l’intelligence critique à l’humour noir. Le résultat, sous la forme d’une parodie des livres de conseils pratiques, est un effet miroir très drôle et en même temps quelque peu inconfortable, en tension constante entre l’amusement et la gêne de nous y reconnaître nous-mêmes. 

Paul Watzlawick (1921-2007) est un philosophe, sociologue, théoricien du constructivisme radical, psychologue d’origine autrichienne et l’un des plus grands érudits et chercheurs en communication.

Avec l’anthropologue Gregory Bateson il a co-fondé le Mental Research Institute de Palo Alto, en Californie et posé les bases pour une approche systémique de thérapie brève en psychologie.

Depuis 1967 il a enseigné au département de Psychiatrie et Science comportementale de l’université de Stanford. Il a rédigé des fondements qui ont remis en cause l'approche psychanalytique classique et ont fait la notoriété de l’Ecole de Palo Alto, en exerçant une influence majeure sur les chercheurs et les psychothérapeutes du monde entier.  

J’en retiens : L’humour décapant, puis un deuxième effet assez paradoxal. Une fois que j’ai parcouru cette hilarante passerelle des mille et une manières pour se rendre malheureux, j’ai eu comme une impulsion irréfrénable de faire tout le contraire …

La peur affrontée, se transforme en courage

14/01/2024

La peur affrontée, se transforme en courage

Vos objectifs professionnels, votre performance sont entravés par des peurs ?

Un changement dans votre entreprise engendre une résistance, une peur de l'inconnu, chez vous ou chez vos collaborateurs ?

La peur, allié puissant et ... incommodant :
L’homme moderne a tendance à vouloir garder un maximum de contrôle sur les choses. C’est exactement cette tendance, qui lui a permis de développer la science, contrôler son environnement, donc d’évoluer. Le côté moins plaisant de cette aptitude, est de vouloir tout contrôler, dans le milieu professionnel comme dans la vie personnelle, jusqu’à ses propres réactions et son mental.

Or, l’expérience nous enseigne que nos réactions et nos pensées sont justement parmi les aspects de notre quotidien que nous avons le plus de mal à contrôler. Aujourd’hui nous bénéficions de connaissances très poussées sur le fonctionnement de notre cerveau, grâce aux neurosciences qui peuvent nous en expliquer les mécanismes ; en revanche, elles ne peuvent pas nous dire comment ces mécanismes sont susceptibles d’être modifiés, ou si c’est le cas, l’information est obtenue d’une façon empirique, expérimentale, bien plus que de façon scientifique, d’explication et de contrôle d’un évènement.

Un autre mythe à déconstruire concerne l’origine de la peur : elle n’est pas toujours le fruit d’une expérience traumatisante que nous avons vécu, ni d’apprentissages dysfonctionnels ; la peur invalidante peut devenir telle (et souvent c’est le cas) suite à un usage excessif de nos modalités habituelles de régulation, dans le but de l’éviter ou de la réprimer. Ce faisant, nous l’alimentons, en la rendant notre ennemie.

Alors comment contrôler notre peur, sans en subir les conséquences ?

Contrôler ses peurs, un "auto-leurre" dangereux.
La peur est la plus atavique de nos émotions, la plus puissante, celle qui a permis la survie de l’espèce humaine jusqu’à nos jours. Elle est tout à fait fonctionnelle car elle nous protège du danger tous les jours en nous permettant de nous activer de façon adéquate. Vouloir à tout prix la contrôler, l’éloigner, peut donc se révéler très dangereux pour nous car cela équivaut à nous priver d’un précieux système d’alerte.

De plus, elle ne peut être contrôlée suivant les moyens cognitifs développé par l’homme, les moyens logiques usuels. Tout en reconnaissant l’utilité de la raison qui a permis le progrès humain, il est des phénomènes pour lesquels une « autre raison » est appelée en cause, une logique « non ordinaire » : la peur est un très bon exemple de ce type de phénomènes, et elle mérite toute notre attention, car elle est à la base de notre relation à nous-mêmes, aux autres et au monde. Autrement dit, la peur détermine plus de toute autre émotion nos réactions et donc, la qualité de nos relations.

Si nous nous observons dans nos interactions quotidiennes, nous pouvons facilement détecter nos limites, nous en avons tous. Le plus souvent, nous nous « arrangeons » pour ne pas les voir, car nous ajustons notre perception de la réalité environnante comme cela nous arrange : ce n’est pas par hasard si les mensonges les plus fréquents sont ceux que l’on se dit à soi-même !

Ce fonctionnement en mode « auto-leurre » pour ainsi dire, est aussi naturel chez l’homme, c’est un mécanisme de protection, un réducteur de complexité. Et ce fonctionnement aussi, lorsqu’extrémisé, contribue à faire croître notre peur jusqu’à la rendre invalidante : en excluant ce qui me gêne ou me provoque un sentiment d’incapacité, je ne me sentirai pas plus capable, bien au contraire. En n’affrontant pas mes limites, je confirmerai ma conviction de ne pas pouvoir les dépasser. 

Enfin, même la pensée positive n’est pas d’une grande aide dans ce type de situation : elle l’alimente. Qui n’a jamais essayé, de rassurer quelqu’un qui a peur en lui disant : « pense positif et fonce ! » ? Quel effet en obtient-on, si ce n’est pas de faire augmenter sa peur ?

Utiliser sa peur en tant que levier de réussite.
Une fois ce cadre posé, comment cultiver la « bonne peur » au lieu de la « mauvaise peur » ?

Comment, une fois considéré l’abus d’auto-contrôle, les auto-leurres, l’évitement, la pensée positive, pouvons-nous transformer la peur, de limite en ressource ?

Transformer nos réactions de peur en quelque chose de constructif est possible. L'approche stratégique mise au point par le Prof. Giorgio Nardone au Centre de Thérapie Stratégique d'Arezzo (Italie) nous explique que cela comporte de « désactiver » quelques-uns de nos systèmes de sécurité fondamentaux, en utilisant la peur même, au lieu d’autres mécanismes.

Ubi maior, minor cessat, disaient les Latins. Le plus grand inhibe le plus petit : en d’autres termes, le meilleur moyen de réduire une peur, est de se créer une peur plus grande.  

Exemple : devant une difficulté, je peux me dire « courage, tu peux le faire, il n’y a pas de raison, tu vas y arriver ». Par contre, si je vois que cela ne marche pas, inutile d’insister : je ne ferais qu’accroître ma peur. Il vaut mieux alors que je me demande : "si je n’affronte pas cette difficulté, ma situation, après, sera plus susceptible de s’améliorer ou d’empirer ?".

Les questions que nous nous posons façonnent notre façon de percevoir le réel et, par conséquent, notre façon d'intéragir avec nous-mêmes, les autres et le monde. C'est le cas dans la gestion de la peur également, Immanuel Kant nous le confirme dans sa "Critique de la raison pratique" : Souvent nos problèmes ne dérivent pas des réponses que nous nous donnons, mais  des questions que nous nous posons.

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