26/08/2024
Que nous apprend-t-il, le fait d’écrire ?
Je cite : "Avant tout autre chose, ça nous rappelle que nous sommes vivants et que ceci est un don, un privilège, plus qu’un droit.
Notre art, notre écriture ne peut, comme souvent nous souhaiterions qu’elle puisse, nous délivrer des guerres, des privations, des jalousies, de l’avidité, de la vieillesse ou de la mort, mais elle peut nous revitaliser, au milieu de tout cela".
Ce Book Talk met à l’honneur un auteur immense, en plus d’avoir été extrêmement prolifique : Ray Bradbury. Il s’agit non seulement du plus célèbre auteur de science-fiction de la deuxième moitié du siècle dernier, ayant produit des chefs d’œuvres tels « Fahrenheit 451 » ou « Chroniques martiennes » ; son activité s’est étendue à la poésie, au domaine théâtral et cinématographique en générant, par exemple, le scénario du film « Moby Dick », d’après une demande du réalisateur John Huston.
Et ce n’est pas tout ! Véritable Maestro de la synthèse poétique, il s’en sert pour écrire la petite perle dont je souhaite vous parler, « Le Zen dans l’art de l’écriture » : un recueil de douze essais, parus dans des revues tout au long de sa carrière d'écrivain, à partir de 1973. Un livret-culte, adopté par maintes universités et cours d’écriture créative partout dans le monde.
Ne vous attendez pas pour autant à une check-list à suivre au pied de la lettre (si ce n’est pas le cas de le dire !) pour devenir un écrivain à succès. Des conseils d’écriture et même des listes vous en aurez, certes : mais il vous faudra les distiller des souvenirs de vie de l’auteur, de ses nouvelles, de ses romans, de son humour.
Alors, si on ne peut en tirer du "prêt à consommer", à quoi bon lire cette oeuvre ?
Pas à grand-chose, si ce n’est connaître un humaniste sui generis pour connaître la merveille qu’est l’homme, connaître un amoureux fou de la vie pour aimer autrement et passionnément la vie elle-même, connaître l’art d’écrire et son pouvoir libératoire, thérapeutique, voire thaumaturgique.
Son processus créatif à lui, Bradbury dit que c’est « de la faute des chats », que ses idées lui viennent le matin, de la même manière des chats qui viennent à leur maître : en grimpant silencieusement sur le lit et en s’accroupissant au fond de la couette, comme des sentinelles ; en se faisant entendre simplement en regardant le maître, jusqu’à ce qu’il n’ouvre un œil et il les guette et qu’il ne se sente coupable pour les laisser mourir de faim … Idem pour les idées : elles lui arrivent silencieuses, à cette heure, ce « temps de personne » où on cherche à se réveiller et se rappeler de son prénom. Notions et impressions siègent alors au bord de son cerveau, lui chouchoutent à l’oreille et s’il ne se réveille pas, comme les chats, le forcent à se lever et s’asseoir à la machine à écrire, avant que l’idée ne s’envole ou bien elle ne meure de faim.
Cette vertu, cette capacité incroyable à « intensifier l’ordinaire », lui permet de rendre plus prégnantes ses paraboles et mêmes les anecdotes de sa vie prennent vie, une vie qui leur est propre. Mais c’est l’opiniâtreté, sa vraie recette : écrire mille mots tous les jours. Il est persuadé que sans ça, le monde, la vie nous rattrape et tente de nous dégouter et nous mourrons chaque jour un petit peu. Et c’est exactement de ça, d’une façon ou de l’autre, qu’on parle dans ce livre.
Ce que j'en retiens ...
Le storytelling n’est pas une chronique, c’est une forme de magie, qui élabore les concepts et les mots, en éveillant les émotions les plus vives. Et les émotions, en plus d’être responsables de nous activer, n’ont aucune connotation positive ou négative, elles sont toutes légitimes. De ce fait, « il existe une seule histoire qui mérite d’être écrite : la vôtre » R. Bradbury.
12/06/2024
Vous est-il jamais arrivé d'essayer de résoudre un problème sans y parvenir, en posant des actions infructueuses et de vous dire alors : je ne l'ai peut-être pas assez bien fait, pas assez longtemps ?
N’avez-vous jamais constaté qu'en refaisant "un peu plus de la même chose", vous n'avez obtenu qu'un peu plus ... de même résultat ?
J'ai choisi de consacrer ce deuxième Book Talk à un auteur déjà cité, car il s'agit d'un véritable génie de la communication, de la résolution de problèmes, de la logique non ordinaire.
Dans Faites vous-mêmes votre propre malheur (mon Book Talk n. 2), Paul Watzlawick nous a appris les moyens les plus subtils pour parvenir à se rendre malheureux. Maintenant, il nous propose d’explorer et creuser les recettes qui mènent infailliblement à l’échec.
Comment réussir à échouer, donc ?
Rien de plus simple : il suffit de trouver l’ultrasolution qui s’applique à notre problème. Mais qu’est-ce qu’une ultrasolution ?
C’est une solution qui « se débarrasse non seulement du problème, mais aussi de tout le reste. Un peu comme dans cette vieille plaisanterie d’étudiant en médecine : « opération réussie, patient décédé ».
Et comment trouver « the » ultrasolution qui nous va bien ? Il y en a plein de détaillées dans ce livre : décortiquées avec l’humour décalé qu'est la marque de fabrique de l’auteur, elles s’appliquent tout autant aux milieux professionnels qu’aux conflits conjugaux et aux relations internationales.
Une seule règle, d’une simplicité étonnante, les sous-tend toutes : il faut que le jeu que l’on joue avec l’autre soit toujours à somme nulle. Tel que défini en 1944 par le mathématicien et physicien John Von Neumann, le jeu à somme nulle comporte que l’on ne puisse gagner que si l’autre perd et inversement. Il est donc impossible que les deux gagnent et plutôt fréquent que les deux perdent.
A bien y réfléchir, nos vies à tous regorgent d’ultrasolutions, tout comme les médias. Mais leur mécanisme de fonctionnement, est ici scrupuleusement déconstruit et rendu accessible à tous.
J’en retiens : quelle utilité pour un tel exercice d’approfondissement, en apparence purement spéculatif ? Fulguration sur la voie de Damas : que se passerait-il dans nos interactions professionnelles, conjugales, diplomatiques, en introduisant d’autres jeux que ceux à somme nulle ?
07/05/2024
Chacun de nous, dit un proverbe chinois, va se coucher chaque nuit auprès d'un tigre. On ne peut savoir si, au réveil, il voudra nous lécher ou nous dévorer.
Par cette métaphore la sagesse ancienne nous rappelle la relation qu’entretient tout un chacun avec ses propres limites : seulement en cherchant à nous améliorer constamment nous pouvons rendre le tigre un ami, puisque personne ne peut éviter la plus dangereuse des compagnies : soi-même.
Elaboré en puisant parmi la myriade de stratagèmes théoriques et artifices dont la tradition littéraire occidentale et orientale est riche, Giorgio Nardone nous en propose une synthèse en identifiant des critères de base à appliquer à des stratagèmes spécifiques, qui prouvent leur pertinence aussi bien dans la vie quotidienne que dans des contextes managériaux ou de problem-solving.
Il s’agit donc d’un petit traité très subtil, perçant et exquis, en même temps tellement accessible mais lisible à plusieurs niveaux, qu’il m’est impossible non seulement de ne pas le conseiller, mais également d’inviter à le lire et relire plusieurs fois !
Condensé impressionnant de toute l’approche stratégique ET de comment l’être humain fonctionne, le livre est riche de conseils à mettre en pratique dans le quotidien, pour se sortir d’impasse en toute finesse et pourquoi pas, avec un brin de légèreté.
Ce que j’en retiens …
Une histoire est de vouloir s’améliorer, d’être en plein dans ce « move » de développement personnel par son choix professionnel, en plus que par une démarche individuelle. Apprendre à regarder « droit dans les yeux » ses limites, c’est une toute autre chose, surtout le faire régulièrement, très régulièrement.
Je n’ai pas beaucoup de livres de chevet, je suis plutôt du genre à les « faire circuler », une fois que je les ai lus : dans ma perception, le destin d’un livre, c’est de voyager. Mais celui-ci, c’est différent. Un peu comme le criquet de Pinocchio, parfois discret, parfois impertinent, il a toujours sa place parmi mes « must have » … et fort heureusement, j’aurais envie de dire, au vu de l’utilité que j’en tire encore et toujours ! Et c’est exactement ça que j’espérais en le recensant : qu’une fois que vous l’aurez lu, il vous suive partout, tel un criquet ou … un coach !
05/02/2024
Vous sentez-vous intoxiqués pour avoir suivi scrupuleusement l’énième recette pour le bonheur ?
En avez-vous assez des conseils des gourous, psychologues, maîtres de vie, des sermons sur l’être plutôt que l’avoir, sur la paix intérieure, sur le développement personnel ?
Alors, ce livre est fait pour vous.
« Mais c’est un autre manuel d’instructions » ! – me direz-vous …
Bien sûr, que ça l’est. Ce n’est pas une mince affaire, vous savez, que de sortir de la « fable du bonheur » dans laquelle on baigne depuis un millénaire, voire plus.
Il est grand temps d’en finir avec la conviction selon laquelle bonheur, béatitude et sérénité sont des buts tout à fait désirables de la vie. Trop longtemps on nous a fait croire et nous l’avons naïvement cru, que la recherche du bonheur mène enfin au bonheur.
Pour déconstruire cette aspiration « qui ne nous veut pas du bien », l’auteur appelle en cause toutes les argumentations dont il dispose, de l’intelligence critique à l’humour noir. Le résultat, sous la forme d’une parodie des livres de conseils pratiques, est un effet miroir très drôle et en même temps quelque peu inconfortable, en tension constante entre l’amusement et la gêne de nous y reconnaître nous-mêmes.
Paul Watzlawick (1921-2007) est un philosophe, sociologue, théoricien du constructivisme radical, psychologue d’origine autrichienne et l’un des plus grands érudits et chercheurs en communication.
Avec l’anthropologue Gregory Bateson il a co-fondé le Mental Research Institute de Palo Alto, en Californie et posé les bases pour une approche systémique de thérapie brève en psychologie.
Depuis 1967 il a enseigné au département de Psychiatrie et Science comportementale de l’université de Stanford. Il a rédigé des fondements qui ont remis en cause l'approche psychanalytique classique et ont fait la notoriété de l’Ecole de Palo Alto, en exerçant une influence majeure sur les chercheurs et les psychothérapeutes du monde entier.
J’en retiens : L’humour décapant, puis un deuxième effet assez paradoxal. Une fois que j’ai parcouru cette hilarante passerelle des mille et une manières pour se rendre malheureux, j’ai eu comme une impulsion irréfrénable de faire tout le contraire …
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