L'essentiel de l'approche stratégique en coaching

Le mot « stratégie » est aujourd’hui aussi fréquemment employé que le mot « coach ». Et tout comme ce dernier, il est souvent utilisé de façon inappropriée. 

Ce qui n’arrange rien, lorsque l’on cherche à savoir qui est un coach, et moins encore lorsqu’on essaie de comprendre qui c’est un coach stratégique et ce qu’il fait.

Je reviendrai, dans un autre article, sur la profession de coach et sur comment la distinguer de tout ce qui n’est pas du coaching. 

Aujourd’hui, je souhaite commencer par clarifier un tant soit peu ce qu’est l’approche stratégique en coaching : c’est quoi donc, sa quintessence, sa substantifique moelle ?

Un maximum de résultats dans un minimum de temps


Le terme stratégique indique qu’il s’agit d’une approche qui permet d’obtenir un maximum de résultats souhaités dans un minimum de temps et avec le moindre effort possible. Elle peut être appliquée à 360° : dans la thérapie clinique, c’est-à-dire chez un psychologue formé à cette approche, pour résoudre des problématiques allant de la simple difficulté jusqu’à des troubles sévères, ou bien dans le coaching, dans ses déclinaisons orientées à atteindre des objectifs ou améliorer une performance. 

En coaching, on peut donc affirmer qu’elle a pour but d’aider les personnes à s’améliorer, à dépasser des difficultés, qu’elles rencontrent pour des situations ou circonstances particulières. Il s’agit d’une approche basée sur les mêmes critères substantiels que la recherche scientifique, c’est-à-dire qu’elle est 

  1. Efficace : elle atteint l’objectif fixé
  2. Efficiente : elle y parvient dans des temps courts
  3. Généralisable : elle peut être appliqué par tous ceux qui soient formés de façon adéquate à l’utiliser
  4. Prédictive : au moment où l’intervention est mise en place, l’action est très ciblée et spécifique pour la typologie de problème ou objectif à traiter, en utilisant des stratégies spécifiques et en prévoyant quelles actions faire au moment même de débuter l’intervention
  5. Autocorrective : elle ne repose pas sur une théorie « rigide », auto poïétique, où « si les faits ne concordent pas avec la théorie, tant pis pour les faits » (Hegel), mais au contraire, s’appuie sur la connaissance du problème par sa solution, en adoptant ce que les initiés appellent une « recherche-intervention ». Concrètement : on cherche à découvrir « comment fonctionne le problème » en intervenant dessus et en analysant avec la personne intéressée, toutes les solutions adoptées pour essayer de le résoudre. Au fur et à mesure que son fonctionnement se dévoile, on « ajuste le tir » en ciblant les techniques les plus efficaces pour parvenir à le régler.

Stratégie

Une intervention à plusieurs niveaux
 

Le modèle stratégique travaille à trois niveaux : la communication, la relation et la technique. 

En ce qui tient aux aspects de relation et de communication, qui sont étroitement liés, il nous faut partir d’une considération : le genre humain est composé d’êtres « relationnels » et ce, qu’ils soient considérés individuellement ou bien à l’intérieurs de systèmes plus ou moins importants (famille, cercle amical, entreprise, etc…). Or, l’approche stratégique s’applique à la fois aux individus et aux systèmes, car il intervient au niveau de la relation.

Mais quelle relation ? Eh bien, toutes ! En tant qu’êtres relationnels nous ne pouvons pas ne pas interagir, ne pas communiquer. Nous communiquons constamment, par exemple, avec nous-mêmes, via le dialogue intérieur. Et nous communiquons aussi constamment avec les autres, même en restant en silence : notre corps, notre visage et notre silence communiquent pour nous un « laissez-moi tranquille » sans possibilité d’équivoque …  

Dans cette optique, comme le soutenait Zygmunt Bauman, « l’échec d’une relation est presque toujours un échec de communication ».

L’approche stratégique intervient à la fois sur la relation de l’individu avec soi-même, avec les autres et aussi, last but not least, sur la relation qui s’instaure avec le coach. En effet, si la dynamique créée par le coach n’est pas fonctionnelle au travail à accomplir au cours de l’accompagnement, elle engendrera une résistance accrue chez le coaché, voire même un refus de travailler avec le coach. 

En ce qui concerne la technique, elle comporte une série de stratagèmes d’intervention, parfois plus voilés, parfois directs et explicites, qui sont mis au point d’une telle manière à s’assurer d’atteindre l’objectif fixé. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’une des premières questions posées par le coach est : « que devrait-il changer dans ta vie, pour me dire merci ? ».

Une fois l’objectif fixé, le coach construit avec le coaché un parcours de changement qui débute par ses sensations et perceptions de la réalité qu’il souhaite changer. Par des indications de comportement données par le coach, le coaché fait l’expérience de différentes « façons de faire » qui entraîneront chez lui des ressentis différents. Ces ressentis modifieront sa perception vis-à-vis de cette même réalité, jusqu’à ce que le changement ne soit pas seulement perçu comme souhaitable, mais plutôt comme étant la seule alternative praticable. Enfin, le coach et le coaché conscientisent et élaborent ensemble le changement qui s’est produit, afin de l’ancrer et d’en stabiliser les effets sur la durée.

Clairement, les trois aspects de communication, relation et technique ne seraient qu’un cumul de règles stériles, sans la flexibilité de la part du coach, qui lui permet de considérer le « facteur humain », c’est-à-dire le coaché dans son originalité, son unicité, son vécu, sa façon de percevoir la réalité, les relations et d’y interagir. De ce fait, l’accompagnement est « cousu sur mesure » sur la personne et sur la situation, telle qu’elle l’amène.

Concrètement, quels sont les « outils » employés ?
 

L’efficacité et efficience de l’accompagnement tient aussi bien à l’utilisation pertinente des techniques et stratagèmes de l’approche, qu’à la qualité de la relation instaurée entre coach et coachée. Or, pour pouvoir construire une interaction fonctionnelle avec le coaché, le coach a besoin d’outils de communication adéquats, qui tiennent compte aussi de l’émotivité du coaché, de son histoire, de sa sensibilité. En effet, si le coach communique de façon adéquate, le coaché sera persuadé à le suivre dans le processus d’accompagnement. Pour autant, ce processus ne sera pas le résultat d’une « transmission de savoir » d’un « sachant » ou un « expert » mais sera une découverte conjointe, un chemin où soit on gagne tous les deux, soit on perd tous les deux.  

Les outils de communication sont les mots, en premier lieu. Et ces mots seront soigneusement choisis pour être toujours adaptés à l’interlocuteur, à son registre linguistique, mais aussi, autant que possible, à son contexte culturel.

En plus des mots « justes », le coach fait usage des suggestions, d’images évocatrices, qui permettront de déclencher le changement souhaité, ou la résolution du problème.

En même temps, la communication non verbale et para verbale accompagnent toujours l’intervention du coach, en ajoutant emphase et efficacité au « noble art de la persuasion » tel qu’énoncé par le Professeur Nardone. 

La communication est un ensemble d’actes, de comportements, de gestes qui permettent d’influencer l’autre et de s’en laisser influencer. Tout le secret de l’approche stratégique consiste à ne pas subir ces influences, mais à les utiliser comme des leviers, qui nous rapprochent de nos objectifs.