Vos objectifs professionnels, votre performance sont entravés par des peurs ?
Un changement dans votre entreprise engendre une résistance, une peur de l'inconnu, chez vous ou chez vos collaborateurs ?
La peur, allié puissant et ... incommodant :
L’homme moderne a tendance à vouloir garder un maximum de contrôle sur les choses. C’est exactement cette tendance, qui lui a permis de développer la science, contrôler son environnement, donc d’évoluer. Le côté moins plaisant de cette aptitude, est de vouloir tout contrôler, dans le milieu professionnel comme dans la vie personnelle, jusqu’à ses propres réactions et son mental.
Or, l’expérience nous enseigne que nos réactions et nos pensées sont justement parmi les aspects de notre quotidien que nous avons le plus de mal à contrôler. Aujourd’hui nous bénéficions de connaissances très poussées sur le fonctionnement de notre cerveau, grâce aux neurosciences qui peuvent nous en expliquer les mécanismes ; en revanche, elles ne peuvent pas nous dire comment ces mécanismes sont susceptibles d’être modifiés, ou si c’est le cas, l’information est obtenue d’une façon empirique, expérimentale, bien plus que de façon scientifique, d’explication et de contrôle d’un évènement.
Un autre mythe à déconstruire concerne l’origine de la peur : elle n’est pas toujours le fruit d’une expérience traumatisante que nous avons vécu, ni d’apprentissages dysfonctionnels ; la peur invalidante peut devenir telle (et souvent c’est le cas) suite à un usage excessif de nos modalités habituelles de régulation, dans le but de l’éviter ou de la réprimer. Ce faisant, nous l’alimentons, en la rendant notre ennemie.
Alors comment contrôler notre peur, sans en subir les conséquences ?
Contrôler ses peurs, un "auto-leurre" dangereux.
La peur est la plus atavique de nos émotions, la plus puissante, celle qui a permis la survie de l’espèce humaine jusqu’à nos jours. Elle est tout à fait fonctionnelle car elle nous protège du danger tous les jours en nous permettant de nous activer de façon adéquate. Vouloir à tout prix la contrôler, l’éloigner, peut donc se révéler très dangereux pour nous car cela équivaut à nous priver d’un précieux système d’alerte.
De plus, elle ne peut être contrôlée suivant les moyens cognitifs développé par l’homme, les moyens logiques usuels. Tout en reconnaissant l’utilité de la raison qui a permis le progrès humain, il est des phénomènes pour lesquels une « autre raison » est appelée en cause, une logique « non ordinaire » : la peur est un très bon exemple de ce type de phénomènes, et elle mérite toute notre attention, car elle est à la base de notre relation à nous-mêmes, aux autres et au monde. Autrement dit, la peur détermine plus de toute autre émotion nos réactions et donc, la qualité de nos relations.
Si nous nous observons dans nos interactions quotidiennes, nous pouvons facilement détecter nos limites, nous en avons tous. Le plus souvent, nous nous « arrangeons » pour ne pas les voir, car nous ajustons notre perception de la réalité environnante comme cela nous arrange : ce n’est pas par hasard si les mensonges les plus fréquents sont ceux que l’on se dit à soi-même !
Ce fonctionnement en mode « auto-leurre » pour ainsi dire, est aussi naturel chez l’homme, c’est un mécanisme de protection, un réducteur de complexité. Et ce fonctionnement aussi, lorsqu’extrémisé, contribue à faire croître notre peur jusqu’à la rendre invalidante : en excluant ce qui me gêne ou me provoque un sentiment d’incapacité, je ne me sentirai pas plus capable, bien au contraire. En n’affrontant pas mes limites, je confirmerai ma conviction de ne pas pouvoir les dépasser.
Enfin, même la pensée positive n’est pas d’une grande aide dans ce type de situation : elle l’alimente. Qui n’a jamais essayé, de rassurer quelqu’un qui a peur en lui disant : « pense positif et fonce ! » ? Quel effet en obtient-on, si ce n’est pas de faire augmenter sa peur ?
Utiliser sa peur en tant que levier de réussite.
Une fois ce cadre posé, comment cultiver la « bonne peur » au lieu de la « mauvaise peur » ?
Comment, une fois considéré l’abus d’auto-contrôle, les auto-leurres, l’évitement, la pensée positive, pouvons-nous transformer la peur, de limite en ressource ?
Transformer nos réactions de peur en quelque chose de constructif est possible. L'approche stratégique mise au point par le Prof. Giorgio Nardone au Centre de Thérapie Stratégique d'Arezzo (Italie) nous explique que cela comporte de « désactiver » quelques-uns de nos systèmes de sécurité fondamentaux, en utilisant la peur même, au lieu d’autres mécanismes.
Ubi maior, minor cessat, disaient les Latins. Le plus grand inhibe le plus petit : en d’autres termes, le meilleur moyen de réduire une peur, est de se créer une peur plus grande.
Exemple : devant une difficulté, je peux me dire « courage, tu peux le faire, il n’y a pas de raison, tu vas y arriver ». Par contre, si je vois que cela ne marche pas, inutile d’insister : je ne ferais qu’accroître ma peur. Il vaut mieux alors que je me demande : "si je n’affronte pas cette difficulté, ma situation, après, sera plus susceptible de s’améliorer ou d’empirer ?".
Les questions que nous nous posons façonnent notre façon de percevoir le réel et, par conséquent, notre façon d'intéragir avec nous-mêmes, les autres et le monde. C'est le cas dans la gestion de la peur également, Immanuel Kant nous le confirme dans sa "Critique de la raison pratique" : Souvent nos problèmes ne dérivent pas des réponses que nous nous donnons, mais des questions que nous nous posons.